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TRANSFORMATION DES OCÉANS EN ÉPONGES À CO2 : UNE NOUVELLE STRATÉGIE POUR SAUVER LA PLANÈTE ?

Dernière mise à jour : 30 sept.

Dans la lutte contre le réchauffement climatique, une solution innovante pourrait bien émerger des rivières et des océans. En Nouvelle-Écosse, la start-up CarbonRun développe une technologie visant à transformer les rivières et les océans en gigantesques réservoirs capables de stocker le dioxyde de carbone (CO2). Cette approche, aussi simple qu’ambitieuse, suscite cependant des interrogations, à la fois sur son efficacité à grande échelle et ses impacts environnementaux.


CarbonRun injecte du calcaire dans les rivieres pour retenir le CO2
CarbonRun a déja été missionné par Frontier, fond commun dedié à la capture du carbone créé par Meta et Alphabet notamment, pour stocker 55.000 tonnes de CO2 dans les rivières.
 

Une technologie naturelle pour capter le carbone


CarbonRun utilise une méthode aussi simple qu'ingénieuse : ajouter du calcaire à l’eau pour stabiliser le CO2 sous forme de bicarbonate, une molécule qui reste piégée dans les océans pendant des milliers d’années. Cette technologie repose sur un principe chimique bien connu, mais son application à grande échelle est inédite. En ajoutant de la poudre de calcaire dans la rivière West River Pictou en Nouvelle-Écosse, CarbonRun espère convertir une partie du CO2 contenu dans l’eau en un composé stable qui restera capturé sous la surface.


Ce projet a attiré l’attention de fonds d’investissement comme Frontier, qui a investi 25 millions de dollars pour permettre à CarbonRun de capter 55 442 tonnes de CO2, ce qui représente l'absorption de carbone d'une forêt couvrant la superficie de 100 000 terrains de football. Le potentiel de cette technologie est énorme : les scientifiques estiment que les méthodes de captation de carbone basées sur les océans pourraient absorber des milliards de tonnes de CO2 chaque année, ce qui, bien que significatif, ne suffirait pas à inverser le réchauffement climatique sans une réduction drastique des émissions de combustibles fossiles.



Un modèle économique en pleine expansion


En plus de ses implications environnementales, la solution de CarbonRun représente aussi une opportunité commerciale. De nombreuses start-ups, attirées par les perspectives de profit, se lancent dans la course à la capture du carbone par les océans. L’ajout d’alcalins comme le calcaire, le magnésium ou l’oxyde de calcium à l’eau transforme la chimie des océans, augmentant leur capacité à capter le CO2. Si le coût de cette technologie peut être réduit, les entreprises et les gouvernements pourraient payer pour utiliser cette méthode afin de compenser leurs émissions de carbone.


Cependant, malgré l’optimisme des investisseurs, le projet est confronté à des défis techniques importants. Il est relativement facile de prouver que l’ajout de calcaire dans les rivières peut capturer le CO2. Mais appliquer cette technique aux océans, beaucoup plus vastes et imprévisibles, est une autre affaire. Les océans sont turbulents et tout ajout de calcaire se disperse rapidement. De plus, il faudrait extraire et transporter des milliards de tonnes de roches à travers le globe, une opération qui pourrait s'avérer coûteuse et difficile à gérer à grande échelle.



Risques environnementaux et opposition croissante


Malgré les promesses de cette technologie, de nombreuses préoccupations subsistent. Certains groupes environnementaux craignent que les manipulations chimiques des océans aient des effets néfastes sur les écosystèmes marins. L’histoire a montré que les tentatives de géo-ingénierie océanique peuvent être controversées. Par exemple, les expériences d’ajout de fer dans l’océan, destinées à stimuler la croissance du phytoplancton et à capter le carbone, ont suscité une vive opposition en raison de leurs impacts potentiels sur les écosystèmes.


Le projet de CarbonRun, bien que prometteur, suscite des inquiétudes similaires. Les risques liés à l’ajout d’alcalins dans les océans ne sont pas encore entièrement compris, et il est impératif que des essais rigoureux soient menés pour s'assurer que ces méthodes n’endommagent pas la faune marine. Les fondateurs de CarbonRun s’efforcent de rassurer le public en affirmant que l’ajout de calcaire ne présente pas de danger pour les rivières, en se basant sur des décennies d’expériences similaires menées pour lutter contre les pluies acides.


L’opposition au projet ne vient pas seulement des écologistes, mais aussi des communautés locales, qui restent sceptiques quant aux avantages de cette nouvelle technologie. CarbonRun a multiplié les réunions publiques avec les communautés et les Premières Nations pour les convaincre des bienfaits potentiels du projet, notamment en montrant comment l’ajout de calcaire a déjà contribué à restaurer les populations de poissons dans les rivières locales. Mais les défis logistiques et les incertitudes réglementaires freinent encore le développement à grande échelle de cette solution.

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