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SOMMET DES NATIONS-UNIS SUR LA POLLUTION PLASTIQUE : QUELS RÉSULTATS ESPÉRER?

Les délégués de 178 pays sont réunis à Busan, en Corée du Sud, pour mettre sur pied un traité mondial historique sur la pollution plastique lors d'un cinquième et ultime round de négociation. Alors que l'événement se voit éclipsé médiatiquement par la COP 29 sur le climat -dont l’issue est jugée décevante-, est-il possible d’espérer de meilleurs résultats de la part de la communauté internationale concernant la crise du plastique ?


Militants de Greenpeace manifestant.
Plus de 1500 personnes ont manifesté en marge de la conférence, parmis lesquels de nombreux militants de Greenpeace.
 

UNE RECONNAISSANCE MONDIALE DES IMPACTS DU PLASTIQUE


« Nous devons mettre fin à la pollution plastique avant que la pollution plastique ne mette fin à l'humanité » a déclaré le ministre Coreen de l’environnement lors de la session d’ouverture de la Conférence. 


Si les engagements concrets des Etats restent difficiles à obtenir, la reconnaissance officielle du problème de la pollution plastique par l’ensemble de la communauté internationale aura au moins été marquée d’une pierre blanche lors de ce cycle de conférences.


L’impact de la pollution plastique sur les écosystèmes et la biodiversité, en particulier celle des océans, ainsi que sur la santé humaine sera ainsi reconnue via la ratification du traité final par l’ensemble des 175 Etats présents lors de ce sommet. 


Une pollution et des impacts qui vont continuer à s'accroître : en 2019, le monde a produit plus de 460 millions de tonnes de plastique, dont moins de 10% a été recyclé, et dont la production est amenée à doubler d’ici à 2040. 


En plus de l’inondation des déchetteries causée par cette production de plastique, ce sont presque 20 millions de tonnes de déchets plastiques qui finissent chaque année dans la nature.


L’ensemble des pays se sont également mis d’accord sur certaines mesures cruciales afin de lutter contre la prolifération des déchets plastiques, comme l’encadrement de la conception du plastique permettant d'accroître sa recyclabilité, ou encore l’investissement dans de meilleures infrastructures de collecte et de recyclage du plastique. 


Reste encore à mettre en place les réglementations et les mécanismes contraignants de financement des infrastructures de collecte et de recyclage. 



DEUX VISIONS POUR METTRE FIN À LA CRISE DU PLASTIQUE


Une “coalition à haute ambition” (HAC), menée par la Norvège et le Rwanda, et ralliée par 66 pays ainsi que l’Union Européenne, a bien souligné l’urgence de ne pas compter uniquement sur le recyclage, et de mettre en place tous les efforts nécessaires pour réduire la production globale de plastique en amont, en particulier les plastiques à usage unique. 


Appuyée par de nombreuses organisations environnementales et des leaders de plusieurs organisations des Premières Nations, cette approche favorise le traitement du problème à la racine en s’attaquant à la génération de plastique, arguant que toute autre approche ne cherche en réalité qu'à gérer indéfiniment la crise des déchets générée par l’industrie du plastique. 


« Il est impossible de mettre fin à la pollution plastique ou de la réduire sans réduire la production de plastique. C'est un fait », a ainsi déclaré à la presse Graham Forbes, chef de la délégation de Greenpeace aux négociations sur le plastique.


Une vision à laquelle s’opposent bien entendu plusieurs pays pétroliers -à l'instar de l’Arabie Saoudite- et industriels de la pétrochimie. Selon eux, la crise du plastique doit être réglée par un meilleur design de plastique pour faciliter son recyclage, son remploi et sa transformation en de nouveaux produits. 


Cette méthode permettra de garder la matière plastique dans un circuit de production circulaire qui mettra fin à la génération de déchets plastiques. 


« Je ne voudrais pas manquer cette occasion parce que nous nous fixons sur des questions qui nous divisent au lieu de nous unir dans le but de résoudre le problème de la pollution plastique », a ainsi déclaré Steve Prusak, président-directeur général de Chevron Phillips Chemical Company. 



QUEL ACCORD AFIN DE METTRE TOUT LE MONDE D’ACCORD ?


Si les éléments constituant le traité final doivent être ambitieux, ils doivent également convenir aux pays producteurs de pétrole afin d'être ratifiés par l’ensemble des parties. 


Certaines mesures, pourtant plébiscitées par les experts, comme la définition d’une limite de plastique que les entreprises sont autorisées à produire, ont toutefois peu de chances de faire partie de l’accord pour être ratifié par l’Arabie Saoudite, le Koweït, la Russie ou encore l’Iran.


David Azoulay, avocat général du Center for International Environmental Law (CIEL), a ainsi décrit la stratégie des pays producteurs de pétrole : « ils veulent s'assurer que cet instrument ne verra jamais le jour ou, s'il le fait, qu'il sera aussi inefficace que les instruments climatiques qu'ils ont réussi à bloquer et à paralyser au cours des trois dernières décennies ».


Reste à savoir si ces derniers s'opposeront aux mesures visant à exclure les composants les plus toxiques présents dans certains plastiques, autre point majeur de ces discussions.


Pour surmonter l’ensemble de ces désaccords, l'ambassadeur équatorien Luis Vayas Valdivieso, président des négociations sur les matières plastiques, a appelé les délégués à « exploiter tous les outils du multilatéralisme, toute la créativité et tous les moments de dialogue pour surmonter nos différences et élaborer un traité aussi ambitieux que le permet notre volonté collective ».


Le dernier round des négociations, tenu en avril dernier, avait accouché d’un texte -supposé être la base de travail pour le traité final- jugé beaucoup trop long et impossible à mettre en place, tant il essayait de représenter les points de vue irréconciliables des différents bords. 


Pour cette dernière conférence, la présidence a décidé de mettre sur pied un texte plus concis se concentrant sur les points de convergence, et met ainsi l’accent bien plus sur le recyclage que sur la réduction de la production de plastique. 


Certains s'inquiètent d’un texte final minimaliste existant principalement pour pouvoir dire qu’un texte a été signé. 


Des ONG ont ainsi appelé les nombreux pays de la HAC d'opposer la même fermeté aux pays producteurs lors des négociations à huis clos qui vont maintenant s'ouvrir, au travers de 4 groupes de discussions basés sur les principaux points qui devront apparaître dans le traité. 


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