La récente élection de Donald Trump inquiète d’ors et déjà les militants de la cause climatique, en vertu des déclarations sur le sujet ayant parsemé sa campagne. Après un premier mandat largement marqué par des décisions en faveur des énergies fossiles, Trump a fait comprendre qu’il chercherait à renforcer cette approche et qu’il mettrait un coût d’arrêt aux politiques climatiques engagées par l’administration de Joe Biden. Mais quels seraient les impacts concrets de son action sur la transition énergétique et sur les alliances internationales dans la lutte contre le changement climatique ?
RETOUR EN FORCE DES ÉNERGIES FOSSILES ?
Lors de son premier mandat, Donald Trump a largement favorisé l'industrie pétrolière et gazière américaine, en démantelant certaines normes environnementales et en facilitant l'extraction d'énergies fossiles.
Si cette orientation se poursuivait -en accord avec ses récentes déclarations-, les subventions et les soutiens du gouvernement fédéral envers les énergies renouvelables devraient en parallèle être coupés.
Au-delà d’un cadre réglementaire favorable, les industries fossiles devraient ainsi bénéficier de l’affaiblissement potentielle des énergies solaires et éoliennes aux États-Unis, qui concurrencent de plus en plus le charbon et le gaz naturel.
Il faut également rappeler que Donald Trump bénéficie d’un contexte politique extrêmement favorable pour mettre en place sa politique de soutien aux énergies fossiles : le Sénat est contrôlé par les Républicains, tandis que le Congrès a de fortes chances de devenir à son tour majoritairement républicain.
La transition vers une énergie plus propre serait donc retardée, mettant potentiellement en péril les objectifs climatiques du pays et aggravant les émissions de CO₂
OPPOSITION DES ÉTATS FÉDÉRÉS
Si la plupart des institutions politiques fédérales pourraient ensemble mettre fin à l’action climatique nationale, certaines régions pourraient néanmoins résister aux changements.
On note par exemple les 25 Etats membres de l’Alliance des Gouverneurs pour le Climat, créée en 2017 en réaction au retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sous le premier mandat de Donald Trump.
Cette alliance s'était notamment engagée à respecter les objectifs de Paris et a mis en place ses propres plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
La Californie, avec sa propre politique environnementale ambitieuse, continue de jouer un rôle de chef de file sur la scène de l’engagement climatique. Elle a, en autres choses, mis en place des normes d'efficacité énergétique et des objectifs pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2045.
Des initiatives comme le Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI), un marché du carbone regroupant plusieurs États du Nord-Est des États-Unis, témoignent aussi de la volonté des gouverneurs locaux de combler un potentiel manque d'action fédérale. Ces États, ayant adopté un modèle de plafonnement et d'échange de droits d'émission, démontrent que des actions régionales concertées peuvent contribuer à limiter les émissions de CO₂, même sans soutien fédéral.
Un des enjeux qui rendra probablement la tâche difficile aux Etats et aux initiatives locales sera le retrait de nombreux financements à travers la prise de contrôle, le démantèlement ou l’affaiblissement de certaines agences publiques en lien avec le climat et l’environnement, comme la fameuse Agence de Protection de l’Environnement.
RETRAIT DE LA SCÈNE CLIMATIQUE MONDIALE
Sous une nouvelle présidence Trump, les États-Unis vont probablement se retirer une nouvelle fois de l’Accord de Paris (comme cela s’était produit en 2017), et réduire leur participation aux accords climatiques mondiaux.
La sortie des États-Unis, deuxième plus grand émetteur de CO₂, fragiliserait les engagements globaux, risquant de décourager certains pays de redoubler d’efforts, ou même de les pousser à ralentir leurs propres engagements climatiques.
Les puissances mondiales, comme l’Union européenne et la Chine, qui investissent massivement dans les technologies vertes, pourraient cependant se voir renforcées dans leur détermination à combler le vide laissé par les États-Unis.
Ces pays pourraient accélérer leur coopération et investir davantage dans les énergies renouvelables pour se positionner comme leaders de l'industrie des technologies vertes, un secteur qui devrait connaître une croissance massive dans les décennies à venir.
Cela pourrait donner à l’Europe et à l’Asie une avance stratégique et économique dans les technologies vertes et l'innovation, reléguant les États-Unis en retrait sur ce marché en pleine expansion.
UN POTENTIEL FREIN AUX INVESTISSEMENTS DANS LES ÉNERGIES RENOUVELABLES
Si les États-Unis adoptent une politique favorisant les énergies fossiles, cela pourrait avoir des répercussions négatives sur les investissements internationaux dans les technologies vertes.
Les experts soulignent que les énergies renouvelables, dont la compétitivité a grimpé ces dernières années grâce à la baisse des coûts technologiques, dépendent encore de subventions et de soutiens pour continuer leur expansion.
Selon The Guardian, une réduction des subventions fédérales risquerait d'entraver de nombreux projets en cours ou en développement.
L’incertitude générée par des politiques changeantes pourrait également faire hésiter certains investisseurs, ralentissant ainsi le rythme des innovations et des déploiements technologiques essentiels pour la transition énergétique.
UN IMPACT LIMITÉ MAIS RÉEL
L’impact potentiel d’une réélection de Donald Trump sur le secteur énergétique mondial est donc important, même si les énergies renouvelables continuent de croître de manière significative.
La compétitivité de ces énergies et les pressions internationales pour atteindre la neutralité carbone avant 2050 sont des facteurs qui limiteraient l’impact d’une politique pro-fossile aux États-Unis.
Néanmoins, une telle orientation risquerait de complexifier la transition énergétique nationale et internationale, tout en fragilisant les efforts climatiques collectifs, essentiels pour répondre aux défis environnementaux du 21e siècle.
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