Lundi dernier, l'État de Californie, par l’intermédiaire du procureur général Rob Bonta, a déposé plainte contre Exxon Mobil. Le géant pétrolier est accusé d’avoir orchestré une « campagne de tromperie de plusieurs décennies » visant à exagérer les promesses du recyclage, alimentant ainsi la crise de pollution plastique. La plainte, déposée devant la Cour supérieure de San Francisco, pourrait aboutir à des dommages et intérêts s’élevant à plusieurs milliards de dollars.
UNE STRATÉGIE DÉLIBÉRÉE DE DÉSINFORMATION
Le procureur général allègue qu'Exxon Mobil a incité les consommateurs à acheter des plastiques à usage unique en leur faisant croire, à tort, que ces produits seraient recyclés. La compagnie, qui est l'un des principaux producteurs de composants utilisés dans la fabrication de plastiques à usage unique, participe largement au "lobby du plastique" en communiquant sur l'aspect recyclable de ses produits, une extrapolation qui sous-entend leur valorisation quasi-automatique. La plupart des systèmes de gestion de déchets peinent pourtant à recycler ne serait-ce qu'une faible fraction des plastiques.
Rob Bonta affirme que cette manipulation a contribué à l'explosion de la pollution plastique, car elle a conforté les consommateurs dans l'idée que les plastiques à usage unique ne seraient plus problématiques une fois correctement triés. En réponse, Exxon Mobil a rejeté la responsabilité sur l’État californien, affirmant que les autorités savaient depuis des décennies que le système de recyclage était inefficace. Le groupe a également déclaré que la Californie aurait pu collaborer avec eux pour trouver des solutions, au lieu de lancer une procédure judiciaire.
LE "MYTHE" DU RECYCLAGE DÉMASQUÉ
Le procès initié par l'Etat de Californie met en lumière la fausse promesse du recyclage du plastique, un argument souvent avancé par les entreprises pétrochimiques pour justifier la production croissante de plastique vierge. Selon les données de 2021 fournies par le groupe de défense Beyond Plastics, seulement 5 % des déchets plastiques aux États-Unis sont effectivement recyclés, le reste finissant souvent dans les décharges ou les océans.
De plus, la soi-disant technologie de "recyclage avancé" promue par Exxon Mobil s’est révélée inefficace, la majorité des déchets plastiques traités étant finalement convertis en carburant, et non en nouveaux produits. Malgré les affirmations de la société, le recyclage avancé semble davantage être un coup de communication qu’une véritable réalité permettant de réduire la pollution plastique.
DES CONSÉQUENCES POUR L'INDUSTRIE DU PLASTIQUE
Les conséquences de cette affaire pourraient être lourdes pour l’industrie pétrochimique, qui dépend largement de la production de plastique vierge. La plainte appelle à la création d’un fonds d’abattement pour lutter contre la pollution plastique et à des sanctions financières contre Exxon Mobil. Le procureur général a souligné que les microplastiques, résultant de la dégradation des plastiques dans l’environnement, représentent un danger croissant pour la santé publique, avec des traces retrouvées dans l’eau potable et même dans le corps humain, et pour les écosystemes.
Si cette affaire réussit, elle pourrait ouvrir la voie à d’autres poursuites similaires dans d'autres États ou à l'échelle internationale, en augmentant la pression sur les entreprises qui continuent de promouvoir des solutions de recyclage inefficaces pour justifier la production de plastique. Une victoire de l'Etat californien pourrait notamment faire jurisprudence dans le reste du pays et permettre à differents acteurs d'obtenir des réparations aupres des producteurs de plastiques pour faire face aux conséquences néfastes de la pollution plastique.
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