Le secteur des transports reste, année après année, le principal contributeur aux émissions de gaz à effet de serre (GES) en France et représentait en 2022 presque un tiers des émissions nationales de CO₂. Alors que de nombreux autres secteurs, comme l'industrie et l'énergie, voient leurs émissions diminuer grâce à des efforts de décarbonation, le transport peine à suivre cette dynamique. Quelles explications pour cette inertie du secteur des transports ?
UNE DÉPENDANCE AU PÉTROLE QUI PERSISTE
Le transport, qu'il s'agisse des voitures individuelles, des poids lourds ou encore des avions, reste largement tributaire des énergies fossiles : 96 % des besoins énergétiques du secteur sont toujours couverts par des produits pétroliers, une dépendance largement responsable de la stagnation des émissions de GES dans ce secteur.
L’électrification des transports, incontournable pour envisager leur décarbonation, progresse trop lentement pour compenser l'impact environnemental des véhicules thermiques. En 2023, celles-ci ne représentaient encore qu'environ 15 % des nouvelles immatriculations. En outre, les poids lourds et les avions, qui sont parmi les plus gros consommateurs de carburants fossiles, restent des secteurs très difficiles à électrifier.
Enfin, il faut garder en tête que l’électrification elle-même continue à poser un certain nombre d’enjeux liés aux batteries et à l’extraction des métaux nécessaires à leur fabrication, ainsi qu'à la production d’électricité qui va alimenter ces véhicules. L’électrification d’un secteur des transports comptant toujours autant de voitures ou de camions correspondrait surtout à une exportation des émissions vers d’autres pays.
DES VOITURES DE PLUS EN PLUS LOURDES, DES TRAJETS DE PLUS EN PLUS LONGS
Autre facteur aggravant : la montée en puissance des SUV, plus lourds et plus gourmands en énergie. Véhicules de niche il y a quelques années, ils représentaient près de 40 % des ventes de voitures neuves en France en 2023. Les SUV consomment pourtant en moyenne 20 % de carburant de plus qu'une berline classique.
L'étalement urbain durant les dernières décennies a poussé les ménages à habiter de plus en plus loin des centres-villes, augmentant ainsi leur dépendance à la voiture individuelle. On note aussi que de plus en plus de foyers disposent d’au moins deux véhicules. De fait, de plus en plus de voitures de plus en plus nombreuses et de plus en plus lourdes circulent en France chaque année, ce qui tend à annuler les progrès techniques réalisés permettant de rendre les moteurs énergétiquement plus efficaces.
LES ÉMISSIONS DES TRANSPORTS NE BAISSENT PAS
Alors que la France a globalement réussi à réduire ses émissions de GES dans d'autres secteurs, celui des transports ne montre pas de signes significatifs de baisse des émissions. Entre 1990 et 2019, les émissions de CO₂ liées aux transports n'ont diminué que de 2 %, alors que l'objectif national de neutralité carbone pour 2050 demande une réduction beaucoup plus rapide.
Le transport aérien et maritime, bien qu'ils représentent une part moindre des émissions globales par rapport aux véhicules routiers, continuent également de croître en raison de la mondialisation des échanges commerciaux et de l'augmentation des voyages internationaux. Ces secteurs, qui dépendent encore largement des carburants fossiles, restent particulièrement difficiles à décarboner à court terme.
Le secteur des transports en France, en dépit de ses nombreuses spécificités, reflète une tendance mondiale : la transition énergétique dans ce secteur reste difficile à mettre en œuvre. La baisse du recours à la voiture -pour laquelle, il faut le rappeler, 40% des trajets font moins de 3 km- et à l’avion pour les individus, et aux camions pour le fret doivent constituer les deux grands axes stratégiques d’une transformation effective du secteur des transports et voir son niveau d’émissions baisser à son tour.
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